Ces deux nouvelles séries photographiques de Caroline Robe questionnent ici le temps flou qui rupte certaines nuits de son sommeil. Des visages remontent alors lentement à la surface sensible des images puis, comme à leur guise et à son bon vouloir, elles replongent loin profond dans l’obscur. Nulle autre issue alors que de faire face vaille que vaille à ces visages qui la regardent, ceux de sa mère, de sa fille, de son gynécée, le sien même parfois.
La dormeveille est cet état privilégié de la vie des sens et de l’âme, phase intermédiaire entre les règles du jour et de la nuit. Le temps d’un bref instant, douleur et douceur de vivre se luttent, s’harmonisent et s’apaisent, façon de rendre les larmes et de reprendre la route cœur battant.
Capter les âmes aux yeux clos est aux origines alchimiques de l’aventure photographique. L’image-magie opère cette pure sidération qui nous jette face au vertige d’un réel durablement mis à l’arrêt. Célébration des paysages, des choses, des visages et des corps jusqu’à l’épuisement infini de leur nudité.