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Catherine Slowik - Plasticienne

la règle, le cadre et la jubilation

 

L’œuvre de l’artiste plasticienne est double. Un éclectisme assumé, au dam de qui l’assignerait dans un cadre. Un carré, alors ? Oui, mais si elle peut le tordre, le gauchir, le dupliquer, l’avarier, le rouler en un pavage à trois dimensions, quatre quand il s’anime en manège. Catherine Slowik lui arrondit les angles, le gonfle dans une inspiration de gaz rare, au risque de le fragmenter dans une déflagration cathartique. L’œuvre en devient organique, créature pythagoricienne de bois, métal, verre, papier ou pixels. Le jeu révèle les conflits latents mais en installe l’humoresque dynamique et suggestive. Installer est le mot, car les œuvres ont souvent taille humaine, géométrie anatomique telle la femme de Vitruve au centre de la création, non du démiurge, mais de l’artiste elle-même qui nous invite en son quadrilatère en partie double : entre jeu et travail, rigueur et fantaisie.

 

le conflit, la gésine et l’inquiétude

 

L’artiste nous accueille au versant couchant de sa créativité, La facétie acrylique s’estompe et s’assombrit. Ici, la métrique est écartée pour sublimer l’imaginaire. L’obscurité est féconde, le hasard, complice. Entre le crépuscule et l’aube, la

nuit transfigurée engendre des êtres qui effrayent et séduisent : femmes et hommes nietzschéens, Humains trop Humains, ses créatures s’agitent : pour certains elles dansent. Catherine Slowik sait qu’elles se contorsionnent, désarticulées par le vide de sens notifié par les regards absents, mais que des mains effrénées s’efforcent de combler en vain. Certains préféreront la comédie à la tragédie. D’autres, la gravité à la légèreté. Peut-être, peut-être pas, répétait le sage taoïste. On ne peut ni dissocier le yin et le yang. Ni les dissoudre.

 

Gilles Warembourg