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Très jeune, Jacques Mayeux manifeste sa volonté de peindre et dès 1964, il expose

au Palais Rihour de Lille avec le « Centre d’expression artistique », présentant alors des peintures gestuelles.

Il étudie de 1963 à 1967 la sculpture et la céramique à l’école des Arts Appliqués de Roubaix puis fréquente pendant plusieurs années l’atelier de Jean Brizy, céramiste à Lille. Il réalise de nombreuses œuvres en terre cuite et en 1972, exécute pour l’usine Achel à Saint-André un panneau mural en céramique. Cependant, Jacques Mayeux qui est aussi professeur d’arts appliqués, recherche des matériaux moins onéreux. Il utilise d’abord la linogravure, produisant des œuvres structurées et équilibrées, d’un dessin très net qui enferme et oppose des masses colorées, suggérant un univers machiniste agressif.

A partir de 1974, il met au point une technique qui lui est propre « juxtaposant sur un support (toile ou feuille) des formes découpées dans des papiers d’origines diverses, mais tous colorés et froissés, parfois décolorés à l’eau de javel dans un second temps de préparation ». Il pénètre ainsi un monde de l’entre 2, où la pensée emprunte des chemins de traverse - lieux vierges, indicibles - pour se construire un territoire, une enceinte que Jacques Mayeux, comme une évidence, définit sur le sol en un dispositif. Des éléments choisis : matériaux divers, plastique, carton, végétaux occupent l’espace induit. L’installation est rigoureuse, précise, simple, ossature en jachère dans un espace parfois clos, elle est imprégnée de peinture pour en garder l’empreinte.

Sur la toile de lin, couché sur l’ébauche, Jacques Mayeux s’allonge et  la force à se livrer, se roule dessus. Corps à corps à prendre, voilé, marquage…

A genoux, ses mains passent et repassent sur le lin, leur caresse nivellent les derniers plis. Cheminement, accompagnement, Jacques Mayeux marche sur la toile, la presse.

La toile levée révèle l’empreinte. Imparfaite, elle ouvre des pistes.

Formes et matériaux par leur caractère et leur nature différente dérèglent et perturbent l’espace, entrent en conflit, s’affrontent dans le confinement imposé et fusent, s’offrant une zone d’errance, sans retenue, hors champ. L’empreinte imprévisible permet cette digression tant qu’elle se refuse les codes préétablis. Elle sert l’artiste et lui répond.

Et puis ces zones de passages intenses : Cisaillements, griffures, repliements du bourgeon clos, danse des feuilles et du temps, homme debout sans voix, passages vers d’autres lieux, d’autres ailleurs où l’on se sentira toujours perdu, coincé sous quelques feuillages oubliés.

Jacques Mayeux est né à Lille en 1946, il vit à Terdeghem dans les Flandres.

 

Angèle M.

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