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Jean Roulland est né à Croix le 29 mars 1931. Il prend en 1947 le chemin de l’Ecole des Beaux-Arts de Roubaix pour y suivre, lui qui est passionné par le dessin, des cours de sculpture et s’initier aux techniques de la taille et du modelage de la fonte. La nuit il s’acharne à maîtriser la technique du bronze à cire perdue. Le jour il travaille dans une usine de céramique pour assurer le quotidien. Cinq ans plus tard en 1952 la Galerie Parenthaux de Roubaix organise sa première exposition. En mai 1952 la révolte gronde à Roubaix parmi les jeunes artistes exposant dans la grande salle de l’Hôtel de Ville de Roubaix et de cette colère naîtra Le Groupe de Roubaix.

Nous sommes en effet bien petits, physiquement insignifiants et dépassés face à cette violence et face à la toute-puissance de la nature. Voilà pourquoi Kant aurait dit Sublime en voyant, le Gisant, La main, l’Aveugle, l’Ardèche, La bête humaine, la série des Têtes, les Trois têtes, L’ombre de ton ombre, la série du Cheval mort et du Cheval agonisant, son Fragment de l’Apocalypse, les Torses dans les souffrances atroces causées par le crabe envahissant et mortel de son épouse.

Voilà pourquoi Kant aurait aussi parlé de Sublime en voyant Jean Roulland, ruisselant de sueur face à son four, faisant jaillir du bronze en fusion et du réel toute cette souffrance humaine dont il s’inspirait au travers des photographies, punaisées sur les murs de son atelier, des 346 victimes du crash d’un avion turc au-dessus de la forêt d’Ermenonville le 3 mars 1974. Voyeurisme ? Non, mais un respect et un partage touchant au sacré de toute cette souffrance humaine, lui qui, foudroyé en 2007 par une hémorragie cérébrale, se bat avec acharnement accompagné de Marie son épouse, pour vivre et redessiner.

 

extrait de « Du Sublime au Sacré » de Jean-Marie André

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