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Michel Degand - Mon caddie du samedi

A propos de Michel Degand

 

La construction d’un tableau est ce qui importe à Michel Degand : la place du signe dans l’espace, l’orientation des lignes, le rôle des contrastes. Dans Le sens des mots, une flèche aux teintes opalescentes, comme une épée précédée d’une garde, induit des directions sur une masse rouge, robe d’une sirène ? La tête, détachée de l’ensemble, tronquée aux épaules, offre un demi-profil de femme à la douceur parfaite. Une bande hiéroglyphique surplombe la scène, petite tortue dessinée, serpent agité, grille énigmatique, prison ou soupirail, fleur ou empreinte de patte de chat ? L’interprétation symbolique peut trouver sa justification dans le titre lui-même et la dague briserait le cœur de l’aimée par la force des mots prononcés qu’elle ne comprendrait pas. On retrouve ici l’obsession d’un artiste passionné par cet art difficile de la tapisserie que fut longtemps Michel Degand, art énigmatique qui impose de passer par la réflexion autour de scènes, des « millefleurs » des XVe et XVIe siècles, de la « Dame à la licorne », à l’incompréhensible charme indémodable, jusqu’au blanc contemporain d’un espace vide. L’inventaire des figures picturales recherchées par Michel Degand retrace les lieux de notre mythologie moderne : la femme, la nature, la publicité, le souvenir, les rapports, les chiffres, les relations. L’écriture intervient dans l’image, simple beauté gestuelle du tracé ou propos signifiant, qui devient parfois hermétique, accouplé à une ou des images qui semblent sans rapport apparent avec les mots écrits. Décentrée, aux deux tiers supérieurs d’un carré, une large feuille de palétuvier s’inscrit sur le fond graphique d’un texte écrit à la main, issu d’un traîté mathématique. L’ensemble s’intitule Distance polaire, et le tiers inférieur de l’œuvre, fait de papier froissé peint de blanc, simule une banquise où quelques pas d’hommes ou d’ours écrivent leur histoire. Tout est récit, histoire chez Michel Degand, mais, comme pour tout poème, l’interpolation varie selon l’imaginaire du lecteur..

 

Laurence Boitel