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Pierre Vandrotte - Photos-Graphies

Les pinceaux et la lumière

 

« J’ai plusieurs pinceaux » disait parlant de soi-même un peintre qui avait aussi un violon. Il eut été plus juste de le dire de tous. Chez un peintre, chaque pinceau délimite et limite la liberté de l’eau. L’extravagance et la justesse ne se retrouvent que quand tous les pinceaux se rassemblent en bouquet dans le même poing. Mais il y a des pinceaux en poils doux, de martre ou de petit-gris, d’autres de soies (qui sont raides puisque ce sont ceux du cochon) et d’autres encore, parmi la multitude, qui sont des pinceaux lumineux. Pour une fois, toute l’exposition de Pierre Vandrotte est faite à coup de pinceaux de lumière : certains appellent cela de la photographie qu’il vaudrait mieux se faire comprendre, avec un trait d’union. On dit que la peinture est devenue abstraite à cause de la photographie. C’est un peu court. Et surtout ça ne veut rien dire : la peinture est toujours abstraite et jamais abstraite. Elle est toujours la figure de quelque chose. Mais voilà que Pierre Vandrotte fait éclater la vérité que la photo est aussi apte à l’abstraction concrète que la peinture. Un pinceau repoussant l’autre, un pinceau devant toujours contredire l’autre cela indique de nouveaux chemins pour la peinture faite avec des pinceaux à poils. Je gage que Pierre Vandrotte y est prêt, parce qu’il est prêt à tout.

 

Jean-Pierre Jouffroy