Eprouver un pincement au cœur. Se pincer pour vérifier qu’on ne rêve pas. Jouer au pince-sans-rire.

Ne pas se faire pincer par la police. Prendre une pincée de bon temps. Ajouter du sel de la vie (s’il n’y en n’a plus, avec quoi le salera-t-on ?). En pincer pour quelqu’un. Se pincer le nez pour éviter les mauvaises odeurs d’aujourd’hui. Et ainsi de suite.

D’accord : avec deux leviers articulés on peut saisir, serrer, retenir ou éviter bien des choses !

Mais à quoi servent-elles, les pinces à linge qui figurent en couverture du premier petit livre de Jean Parsy, compagnon de route de Jean Cocteau, fondateur de l’Atelier de la Monnaie à Lille et joyeux perturbateur de l’art est alité (la réalité) ?

Ce n’est pas un objet à prendre avec des pincettes. On peut le mettre dans sa poche, mais le nicher dans la cervelle aussi. Ou plus bas, là où reste une petite place. Mine de rien, il comprend trente six collages spécialement découpés et recollés pour lui tout seul, le livre. Et puis deux gouaches. Et encore,

par-dessus le marché, trente deux pensées inscrites noir sur blanc sans ambages ni trompettes.

Par exemple : « où sont les musées d’art comptant pour rien » (un peu vachard). Ou bien : « pendant que l’art brut, la vache broute » (tout aussi bête). Et puis : « Un artiste pauvre habitait l’Ardèche ».

Pas de chance… Vous êtes toujours là ?

Dans la foulée, on grimpe les quatre étages que l’artiste renonce à descendre quand la pression atmosphérique fragilise ses poumons et son cœur de rescapé, dans la bonne ville d’A****. Allait-il camper devant sa porte, comme d’habitude, à attendre, un sourire aux lèvres, ses visiteurs essoufflés ?

Non : JP (Je Pars) avait disparu pour se transformer en petit livre rectangulaire de 112 pages et 225 g !